AfriqueRDCSocialSociété

Goma, RDC : Crise humanitaire, famine et effondrement du système éducatif – Les femmes et les orphelins en première ligne

La ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est aujourd’hui le théâtre d’une crise humanitaire d’une gravité sans précédent. Alors que les tensions politiques et militaires entre la RDC et le Rwanda continuent de s’envenimer, les conséquences sur la population civile sont dévastatrices : famine, multiplication des orphelins et effondrement du système éducatif. Les femmes et les enfants, déjà vulnérables, sont les plus touchés par cette crise, qui menace de laisser des séquelles durables sur toute une génération.

Contexte politique et militaire : une guerre régionale aux conséquences locales

La crise à Goma est indissociable du conflit régional entre la RDC et le Rwanda. Le gouvernement congolais accuse Kigali de soutenir le groupe rebelle du M23 (Mouvement du 23 mars), responsable de violentes attaques dans la province du Nord-Kivu. Ces accusations, corroborées par des rapports des Nations unies, décrivent un Rwanda impliqué dans le financement, l’armement et même le déploiement de troupes pour appuyer le M23 [1].

Les combats entre l’armée congolaise, le M23 et d’autres groupes armés ont provoqué des déplacements massifs de population. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 2,5 millions de personnes sont déplacées dans le Nord-Kivu, dont des centaines de milliers se sont réfugiées à Goma [2]. Cette situation exacerbe les tensions sociales et économiques, plongeant la région dans une crise humanitaire sans précédent.

Famine : une catastrophe annoncée

La crise à Goma a des conséquences directes sur la sécurité alimentaire. Les déplacements massifs de population ont perturbé les activités agricoles, principale source de subsistance dans la région. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 27 millions de personnes en RDC sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, et le Nord-Kivu est l’une des provinces les plus touchées [3].

À Goma, les déplacés vivent dans des camps surpeuplés, sans accès à des terres cultivables ou à des moyens de subsistance. Les distributions de nourriture par les organisations humanitaires sont insuffisantes pour répondre à la demande croissante. Les enfants sont particulièrement vulnérables à la malnutrition, qui peut avoir des conséquences irréversibles sur leur développement.

Témoignage poignant : « Nous n’avons rien à manger. Mes enfants pleurent de faim, et je ne sais pas comment les nourrir », confie Marie, une mère de quatre enfants déplacée à Goma. Son mari a été tué lors d’une attaque rebelle, la laissant seule pour subvenir aux besoins de sa famille [4].

Multiplication des orphelins : une génération sacrifiée

La violence persistante dans la région a entraîné une augmentation dramatique du nombre d’orphelins. Selon l’UNICEF, des milliers d’enfants ont perdu un ou deux parents à cause des conflits armés [5]. Ces enfants, souvent livrés à eux-mêmes, sont exposés à des risques élevés d’exploitation, de violence et de recrutement par des groupes armés.

Les orphelinats de Goma, déjà surchargés, peinent à accueillir ces nouveaux arrivants. Les conditions de vie y sont précaires, avec un manque criant de nourriture, de médicaments et de personnel qualifié. Les enfants sont souvent contraints de travailler dans la rue pour survivre, privés de leur droit à l’éducation et à une enfance protégée.

Interview : « Nous accueillons chaque jour de nouveaux enfants, mais nous n’avons pas les ressources pour les prendre en charge », explique Sœur Angélique, responsable d’un orphelinat à Goma. « Beaucoup d’entre eux souffrent de traumatismes psychologiques et ont besoin d’un soutien que nous ne pouvons pas leur offrir » [6].

Effondrement du système éducatif : une génération privée d’avenir

La crise à Goma a également des conséquences désastreuses sur le système éducatif. Les écoles, déjà fragiles, sont débordées par l’afflux d’enfants déplacés. Selon l’UNESCO, plus de 1,5 million d’enfants en âge scolaire dans le Nord-Kivu sont privés d’éducation en raison des conflits et des déplacements [7].

Les enseignants, souvent non payés depuis des mois, quittent leur poste pour chercher d’autres sources de revenus. Les écoles sont également utilisées comme abris temporaires pour les déplacés, rendant impossible la reprise des cours. Les filles, en particulier, sont les premières à être retirées de l’école pour aider à la maison ou pour se marier précocement.

Revue de presse : Dans un article récent du Journal du Nord-Kivu , il est rapporté que « plus de 70 % des écoles de la région sont fermées ou détruites, laissant une génération entière sans accès à l’éducation » [8].

Les femmes et les orphelins : des besoins urgents et spécifiques

Les femmes et les orphelins sont les plus touchés par cette crise. Les femmes, souvent chefs de famille après la mort ou la disparition de leur mari, doivent assumer seules la charge de leurs enfants. Elles sont exposées à des risques élevés de violence sexuelle et d’exploitation, tout en luttant pour trouver de la nourriture et un abri.

Les orphelins, quant à eux, ont besoin d’un soutien psychosocial, d’un accès à l’éducation et à des soins de santé. Les organisations locales et internationales tentent de répondre à ces besoins, mais leurs efforts sont insuffisants face à l’ampleur de la crise.

Témoignage poignant : « Je veux aller à l’école, mais je dois travailler pour aider ma grand-mère », raconte Jean, 12 ans, orphelin de père et de mère. « Je rêve de devenir médecin, mais je ne sais pas si ce sera possible » [9].

Réponse internationale et perspectives

La communauté internationale a commencé à se mobiliser pour répondre à la crise à Goma. Le HCR, le PAM et l’UNICEF ont lancé des appels urgents pour des financements supplémentaires afin de fournir une aide humanitaire d’urgence [10]. Cependant, les besoins dépassent largement les ressources disponibles.

Pour une réponse efficace, il est essentiel de :

  1. Renforcer l’aide alimentaire : Augmenter les distributions de nourriture et soutenir les programmes de sécurité alimentaire.
  2. Protéger les orphelins : Mettre en place des programmes de protection et de soutien psychosocial pour les enfants vulnérables.
  3. Rétablir l’éducation : Reconstruire les écoles, former les enseignants et fournir du matériel scolaire.
  4. Soutenir les femmes : Offrir des programmes d’autonomisation économique et de protection contre la violence.

En conclusion, la crise à Goma est un rappel brutal des conséquences dévastatrices des conflits armés. Alors que les femmes et les orphelins paient le prix le plus lourd, une réponse internationale coordonnée et durable est essentielle pour leur offrir un avenir meilleur.

Références :

[1] Nations Unies. (2023). Rapport du Groupe d’experts sur la RDC.
[2] HCR. (2023). Rapport sur les déplacements forcés en RDC.
[3] Programme alimentaire mondial (PAM). (2023). Situation de l’insécurité alimentaire en RDC.
[4] Témoignage recueilli par Médecins sans frontières (MSF). (2023).
[5] UNICEF. (2023). Rapport sur les enfants affectés par les conflits en RDC.
[6] Interview de Sœur Angélique, responsable d’un orphelinat à Goma. (2023).
[7] UNESCO. (2023). Rapport sur l’éducation en situation d’urgence.
[8] Journal du Nord-Kivu. (2023). « L’effondrement du système éducatif à Goma ».
[9] Témoignage recueilli par Caritas Goma. (2023).
[10] Appel humanitaire des Nations unies pour la RDC. (2023).

Une réflexion sur “Goma, RDC : Crise humanitaire, famine et effondrement du système éducatif – Les femmes et les orphelins en première ligne

  • l’Afrique doit être véritablement indépendante. C’est le moment

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *