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Gabon : Le pouvoir est-il un gâteau à se partager ?

Le 12 avril prochain, les gabonais seront appelés aux urnes pour élire leur président. Une élection cruciale pour un pays en quête de renouveau après des décennies de pouvoir sous l’ère Ali Bongo. Parmi les candidats en lice, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, fait figure de grand favori. Ce dernier a tenu un récent lors d’un meeting de campagne qui a fait jaser : « Le pouvoir, c’est comme un gâteau, vous m’accompagnez, on gagne et après on voit comment on se divise le gâteau. On ne mange pas seul, vous voyez comment l’autre est tombé. » Cette déclaration, qui pourrait sembler anodine ou teintée d’humour, soulève pourtant une problématique profonde sur la conception du pouvoir en Afrique. Est-il un simple butin à se partager entre alliés politiques, ou bien une responsabilité suprême au service du peuple ?

Une vision du pouvoir ancrée dans les mentalités ?

L’analogie du « gâteau » n’est pas nouvelle en politique africaine. Depuis l’indépendance, beaucoup de dirigeants ont perçu l’État comme un bien personnel, à distribuer entre proches et soutiens en guise de récompense. Cette approche, qui alimente le népotisme et la corruption, a souvent freiné le développement du continent. Lorsque Brice Oligui Nguema tient de tels propos, cherche-t-il simplement à parler le langage de ses partisans, à créer un lien avec la base, ou traduit-il une vision plus profonde de la gouvernance ? Certains diront que cette phrase a été sortie de son contexte. D’autres y verront une preuve que le système ne change pas, même après un coup d’État censé marquer une rupture avec le passé.

Le pouvoir : un privilège ou une mission ?

Le véritable enjeu pour le Gabon et pour l’Afrique en général n’est pas tant la personne qui accède au pouvoir, mais la manière dont ce pouvoir est exercé. Un leader doit-il s’entourer d’un cercle de privilégiés ou gouverner dans l’intérêt collectif ? Un pays ne se construit pas avec des logiques de partage de butin, mais avec une vision à long terme, des institutions solides et une gestion rigoureuse des ressources publiques. Le Gabon, riche en pétrole et en ressources naturelles, a tout pour devenir un modèle de prospérité, à condition que la culture politique évolue.

Les électeurs face à leur responsabilité

Si les politiciens tiennent ce genre de discours, c’est aussi parce qu’il existe une attente implicite chez les électeurs. Beaucoup votent non pas pour un projet de société, mais dans l’espoir d’obtenir un avantage personnel : un poste, un financement, une faveur. Changer la gouvernance d’un pays commence donc par un changement de mentalité. Les citoyens doivent exiger des dirigeants compétents, intègres et visionnaires, et non des distributeurs de privilèges. Le scrutin du 12 avril est une occasion historique pour le Gabon de renouveler son contrat social. Les Gabonais ne doivent pas seulement choisir un homme, mais un programme, une vision, une ambition pour leur nation.
Un Gabon à construire ensemble

Les paroles d’un candidat, même prononcées sur un ton léger, ont un impact. Elles reflètent une perception du pouvoir qui mérite d’être interrogée. Le Gabon ne peut plus se permettre une gouvernance du partage de gâteau. Le pays a besoin d’une nouvelle génération de leaders, de citoyens conscients des défis actuels, et d’un État qui œuvre pour le bien commun. Le 12 avril, le choix des électeurs déterminera non seulement un président, mais le type de société que le Gabon souhaite bâtir pour les années à venir.

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