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Présidentielle au Gabon : Brice Clotaire Oligui Nguema, entre séduction électorale et simplification des enjeux fonciers

La campagne présidentielle bat son plein au Gabon, et Brice Clotaire, candidat du Mouvement patriotique d’action pour un Gabon meilleur, ne ménage pas ses efforts pour séduire l’électorat. Multipliant les meetings et les annonces spectaculaires, il semble vouloir frapper fort pour capter l’attention du peuple gabonais. Mais au-delà du show, ses discours permettent-ils réellement d’entrevoir une vision claire et pragmatique pour le pays ?

Une promesse simpliste sur la question foncière

Lors d’un récent meeting, Brice Clotaire a abordé la question du foncier avec une proposition qui pourrait sembler séduisante au premier abord : instaurer une taxe mensuelle sur les terrains, variant entre 5 000 et 100 000 FCFA selon la taille des parcelles. Selon lui, cette mesure permettrait de collecter près de 100 milliards de FCFA, de quoi, dit-il, relancer l’économie gabonaise. L’idée peut sembler ambitieuse, mais elle soulève immédiatement une série de questions fondamentales :
Quelle est la réalité foncière au Gabon ? Le pays connaît une situation complexe en matière de titres fonciers. Beaucoup de citoyens occupent des terres sans titre légal. Comment l’État peut-il imposer une taxe sur des terrains dont la propriété n’est même pas encore clairement définie ?
Une taxation viable ? Comparer la situation du Gabon à celle des États-Unis ou de la France, où les impôts fonciers sont une norme bien ancrée, est une vision réductrice. Les contextes économiques et administratifs sont totalement différents. Une taxation foncière efficace nécessite un cadastre structuré, une administration foncière efficace et une transparence totale, ce qui est loin d’être le cas au Gabon.
Un miracle économique en un coup de baguette magique ? L’affirmation selon laquelle cette taxe générerait 100 milliards de FCFA semble hasardeuse. Sur quelle base ce calcul repose-t-il ? Quels mécanismes de recouvrement seraient mis en place ? Quels impacts cette nouvelle charge aurait-elle sur les propriétaires et sur les populations les plus vulnérables ?

Un discours électoraliste qui manque de profondeur

Il ne fait aucun doute que Brice Clotaire tente de rassurer et de motiver les électeurs en leur proposant une solution simple et rapide à un problème complexe. Mais le Gabon n’a pas besoin de promesses électorales emballées dans un discours populiste. Ce que réclame le peuple, c’est une stratégie réfléchie, cohérente et adaptée aux réalités du pays. Plutôt que d’annoncer une taxation précipitée, le débat devrait porter sur :

La sécurisation du foncier : Avant de parler de taxes, il faut d’abord régler le problème du cadastre et de la distribution des titres fonciers. Un vaste programme de régularisation des terres serait un préalable indispensable.
L’accès à la propriété pour tous : La question foncière ne peut être résolue uniquement par une approche fiscale. Il faut accompagner les citoyens dans l’obtention de titres fonciers en facilitant les démarches administratives et en mettant en place des financements adaptés.
Une gestion transparente des fonds collectés : Si une taxe foncière venait à être instaurée, il faudrait s’assurer que les fonds collectés soient bien utilisés pour des investissements productifs et des infrastructures, et non pour alimenter un système opaque.

Élever le débat pour répondre aux attentes du peuple gabonais

Le Gabon est à un tournant décisif de son histoire politique. Les citoyens ne veulent plus entendre des promesses creuses et des solutions simplistes qui ne résistent pas à l’épreuve de la réalité. Ils attendent des engagements concrets, des politiques publiques audacieuses, transparentes et réalisables. Brice Clotaire, en tant que candidat, a une responsabilité immense : élever le débat, apporter des réponses précises et réalistes aux défis du pays, et éviter les raccourcis populistes. Car ce qui fera avancer le Gabon, ce ne sont pas des formules accrocheuses, mais une vision forte, des stratégies bien pensées et une mise en œuvre rigoureuse. Le peuple gabonais mérite un projet politique sérieux. Il appartient aux électeurs de juger non pas sur la base des slogans, mais sur la cohérence et la faisabilité des programmes proposés.

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