AfriqueDossierElectionGabonPolitiqueSociété

Électricité au Gabon : Brice Clotaire face à un défi colossal, quelles solutions pour en finir avec les délestages ?

L’accès à l’électricité est un enjeu vital pour le développement du Gabon. Pourtant, le pays est aujourd’hui frappé de plein fouet par des délestages à répétition, perturbant l’activité économique, la vie quotidienne des citoyens et l’attractivité du pays pour les investisseurs.
Dans une récente interview, le président de la transition et candidat à la présidentielle du 12 avril, Brice Clotaire, est revenu sur cette crise énergétique. Il a reconnu un passif lourd, un réseau obsolète, des équipements vétustes et un déficit de 300 MW sur l’ensemble du territoire national.
Face à cette situation, il propose plusieurs pistes : recours à une société turque pour combler le déficit à court terme, construction de barrages hydroélectriques, développement de centrales thermiques, solaires et éoliennes.
Mais ces annonces sont-elles suffisantes ? Les gabonais peuvent-ils espérer une amélioration rapide de leur accès à l’électricité ? Quelles solutions pragmatiques et audacieuses pourraient révolutionner l’approvisionnement énergétique du pays ?

État des lieux : un système électrique en crise

Le Gabon, malgré ses ressources naturelles considérables, peine à garantir une fourniture électrique stable et fiable. Plusieurs facteurs expliquent cette crise :

🔴 Une production insuffisante : Le pays dispose d’une capacité installée d’environ 700 MW, alors que les besoins nationaux sont estimés à 1000 MW, un déficit de 300 MW qui ne cesse de s’aggraver avec la croissance démographique et économique.

🔴 Un réseau vétuste : La Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) peine à moderniser ses infrastructures, avec des transformateurs obsolètes, des câbles défectueux et des centrales vieillissantes.
🔴 Une dépendance excessive aux énergies fossiles : Une grande partie de l’électricité provient encore des centrales thermiques fonctionnant au fioul et au diesel, une option coûteuse et peu fiable, particulièrement vulnérable aux fluctuations des prix internationaux du pétrole.

🔴 Des pertes techniques et commerciales élevées : La mauvaise gestion du réseau entraîne des pertes techniques importantes, exacerbées par des branchements illégaux et une mauvaise facturation.

Les solutions pour un Gabon électrifié et performant

Si la volonté politique est affichée, les solutions doivent être ambitieuses, innovantes et adaptées aux réalités gabonaises. Voici un plan d’action structuré qui pourrait transformer durablement le paysage énergétique du pays.

1️⃣ Des solutions immédiates : pallier l’urgence des délestages

🔹 Location de centrales flottantes :

L’appel à une société turque spécialisée dans l’électricité flottante, comme Karpowership, peut être une solution temporaire pour injecter rapidement plusieurs centaines de MW dans le réseau.

🔹 Maintenance et modernisation rapide des infrastructures existantes :
Avant même d’ajouter de nouvelles capacités, il est essentiel de rénover les centrales thermiques et hydroélectriques existantes, d’installer de nouveaux transformateurs et de réduire les pertes sur le réseau.

🔹 Installation de mini-centrales solaires pour les zones isolées :
En moins d’un an, il est possible d’installer des micro-réseaux solaires et hybrides (solaire + batterie + diesel) dans les villes secondaires et villages, soulageant ainsi Libreville et Port-Gentil.
2️⃣ Un plan à moyen terme : diversifier et sécuriser l’approvisionnement

🔹 Construire de nouveaux barrages hydroélectriques

Le Gabon dispose d’un potentiel hydroélectrique considérable, mais seuls 3% de ce potentiel sont exploités. Accélérer les projets en cours (FE2, Ngoulmendjim, Dibwangui) permettrait d’ajouter rapidement plusieurs centaines de MW au réseau.
🔹 Développer le solaire à grande échelle

Le Gabon bénéficie d’un ensoleillement suffisant pour investir massivement dans des centrales solaires photovoltaïques couplées à des batteries. En exploitant les vastes terrains disponibles, le pays pourrait générer jusqu’à 500 MW supplémentaires d’ici 2030.

🔹 *Investir dans le gaz naturel pour produire une électricité stable et propre

Plutôt que de dépendre du fioul, le Gabon pourrait exploiter ses réserves de gaz naturel pour construire des centrales à gaz modernes, une solution moins polluante et plus efficace.

🔹 Encourager l’auto-production et le solaire résidentiel

Donner aux entreprises et particuliers la possibilité d’installer des panneaux solaires et de revendre leur surplus à la SEEG permettrait de désengorger le réseau public et réduire la pression sur la production nationale.

3️⃣ Une stratégie à long terme : repenser complètement le modèle énergétique

🔹 Créer un marché de l’électricité ouvert à la concurrence

Le monopole de la SEEG a montré ses limites. Il est temps d’ouvrir le marché à d’autres acteurs privés, pour favoriser l’innovation et améliorer l’efficacité du service.
🔹 Mettre en place un mix énergétique équilibré

L’idéal serait un mélange énergétique intelligent avec :

✔️ 40% d’hydroélectricité
✔️ 30% de solaire et éolien
✔️ 20% de gaz naturel
✔️ 10% de biomasse et autres énergies renouvelables
🔹 Créer un fonds d’investissement pour l’énergie

Le Gabon pourrait utiliser une partie de ses revenus pétroliers pour financer les infrastructures électriques et attirer des investisseurs privés, en lançant un « Fonds Souverain pour l’Énergie ».
🔹 Favoriser les partenariats avec des pays leaders en énergie

S’inspirer des modèles du Maroc (solaire), du Kenya (géothermie) et du Rwanda (micro-réseaux intelligents) permettrait au Gabon d’adopter les meilleures pratiques en matière de gestion énergétique.

l’électricité, un levier pour la transformation du Gabon

Le président de la transition, Brice Clotaire, a raison de reconnaître l’ampleur du défi. Mais au-delà du constat, il est essentiel de passer à l’action avec une stratégie claire, ambitieuse et réaliste. Le Gabon ne peut plus se contenter d’un modèle énergétique archaïque et instable. Il doit embrasser la modernité, diversifier ses sources d’énergie et mobiliser des financements massifs pour garantir un accès universel à l’électricité.
Ce combat pour l’électricité est un combat pour l’industrialisation, l’emploi, l’éducation, la santé et le progrès. Si le Gabon réussit sa révolution énergétique, il pourra se positionner comme un leader africain du développement durable et de la prospérité. Le message aux autorités est clair : les solutions existent, il faut maintenant le courage et la volonté politique pour les mettre en œuvre. Aux Gabonais

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *