Présidentielle 2025 : L’éclipse des certitudes ou le crépuscule des illusions ?Une analyse exigeante des métamorphoses du pouvoir post-Bongo
Lorsque le soleil des Bongo s’est couché ce 30 août 2023, emportant avec lui cinquante-six années de règne dynastique, beaucoup crurent voir poindre l’aube d’une ère nouvelle. Dix-neuf mois plus tard, à l’orée d’une présidentielle historique, le Gabon se retrouve pourtant face à un dilemme cornélien : un choix entre l’orateur et le soldat d’un système « déchu » dont ils portent encore, malgré eux, les stigmates et les réflexes.
Pile ou face ? Alea jacta est!
Dans ce scrutin du 12 avril 2025, huit prétendants se disputent les faveurs du suffrage universel, mais la raison politique n’en distingue clairement que deux. Cette réduction dialectique du choix démocratique à une alternative binaire n’est pas sans rappeler ces moments historiques où une nation doit trancher entre deux visions antagonistes de son avenir. Or, le règne des Bongo fut toujours une architecture à double voûte, où le politique et le militaire, savamment équilibrés, soutenaient ensemble l’édifice autoritaire. Bilie By Nze et Oligui Nguema incarnent respectivement ces deux versants d’un même absolutisme. L’un en a épousé l’âme, ce PDG monolithique où se nouaient les intrigues et se scellaient les destins ; l’autre en a incarné les griffes, cette Garde Républicaine, sentinelle du royaume et ultime rempart contre les velléités de révolte. Deux forces, un seul système. Deux hommes, une même origine. Deux prétendants, une seule filiation. Et si aujourd’hui ils s’affrontent, c’est moins en adversaires qu’en héritiers rivaux d’une même couronne. Peut-on dès lors tourner la page quand on en a soi-même écrit les lignes ?
Alain Claude Bilie By Nze : Le réformiste empêtré dans les limbes de son histoire
L’ancien Premier ministre, fine lame technocrate du système Bongo, déploie une rhétorique aussi séduisante sur le papier qu’elle est problématique dans sa substance. Son triptyque discursif – rupture proclamée, libéralisme affiché, dénonciation de la « dictature en marche » – frappe par sa cohérence apparente. Dans l’arène médiatique, l’homme manie la langue avec une précision d’horloger, égrenant des mesures ciblées : « minimum jeunesse », « rénovation urbaine », « souveraineté industrielle ».
Pourtant, son discours bute contre l’écueil de sa propre biographie. Comment, en effet, prétendre incarner la rupture lorsque l’on a été, pendant plus d’une décennie, l’un des rouages essentiels de la machine Bongo ? La question, lancinante, le poursuit comme une ombre portée. Ses tentatives de justification – « Je ne suis comptable que de ce que j’ai géré » – sonnent comme un aveu d’impuissance face à la mémoire collective.
Plus troublant encore est le silence qui entoure ses anciens complices, aujourd’hui ralliés à l’homme fort de la transition. Ce paradoxe n’échappe pas à l’électeur averti : ceux-là mêmes qui dénoncent aujourd’hui Bilie By Nze pour son passé servent allègrement sous les ordres d’Oligui Nguema. La rupture serait-elle donc soluble dans l’opportunisme ?
Brice Oligui Nguema : Le stratège en habit de bâtisseur
Le président de la transition, lui, joue une partition différente. À la dialectique sophistiquée de son adversaire, il oppose la simplicité trompeuse des faits accomplis : routes asphaltées, taxis subventionnés, emplois créés. Une rhétorique populiste qui flatte les estomacs avant de nourrir les esprits.
Mais derrière ce pragmatisme affiché se cache une réalité moins glorieuse. L’entourage du général est un musée vivant des anciennes élites : ministres reconvertis, caciques du PDG recyclés, jeunes loups de la Young Team requinqués. Le soutien officiel du parti de Bongo à sa candidature achève de brouiller les pistes. Quelle crédibilité accorder à un homme qui prétend avoir tourné la page tout en conservant précieusement les mêmes caractères pour écrire le nouveau chapitre ?
Le miroir aux alouettes : Quand les mots trahissent les réalités
Cette campagne est un théâtre d’ombres où chaque acteur joue simultanément le rôle du bourreau et de la victime. Bilie By Nze dénonce les « nominations copains-coquins » d’Oligui, oubliant qu’il en bénéficia jadis. Le général, lui, clame avoir « libéré » le Gabon tout en maintenant sous sa coupe les mêmes réseaux de pouvoir.
Les électeurs gabonais se trouvent ainsi confrontés à un choix cornélien entre :
- La promesse d’un changement incarné par un homme marqué du sceau de l’ancien régime
- La stabilité factice offerte par un militaire dont les méthodes rappellent étrangement celles qu’il prétend avoir abolies
Épilogue : L’heure des choix impossibles
À quelques jours du scrutin, le Gabon ressemble à ce patient qui, après s’être débarrassé d’un mal ancien, hésite entre deux remèdes incertains. D’un côté, la potion amère d’un réformisme aux racines compromises ; de l’autre, le baume illusoire d’une stabilité militaire aux relents d’ancien régime.
L’histoire, cette ironique chroniqueuse, se souviendra que les révolutions véritables ne se mesurent pas aux discours qui les annoncent, mais aux actes qui les suivent. Pour l’heure, le Gabon navigue entre Charybde et Scylla, cherchant désespérément ce cap improbable où la rupture véritable rencontrerait enfin la probité retrouvée.
Le 12 avril ne marquera probablement ni un terminus, ni un aboutissement, mais simplement une étape dans cette longue marche vers une maturité politique encore fuyante. Car comme l’écrivait si justement un observateur sagace : « Certains bâtissent sur le roc de l’honnêteté, d’autres sur les sables mouvants de la fourberie. » Reste à savoir sur quel terrain le Gabon choisira d’ériger son futur édifice.
Cet article est bien le reflet de la vie politique actuelle du Gabon. Les discours médiatiques de ACBBN sont très rhétoriques et peuvent être considérés comme des éléments probants de ces dix(10) dernières années. Aussi,en l’absence de contradiction sur une idéologie ou une problématique qui heurte la sensibilité du peuple, cela laisse à penser qu’il y a une par de vérité dans ce qui est dit iu ce qui se dit, et le peuple mérite d’être éclairé bien que ses arguments nous font planer et nous laissent des saveurs douces dans la bouche.
Question: si ce 30 août n’avait pas existé, aurait-il eu cette posture ?
Je suis tout de même d’accord avec ACBBN sur le fait que certaines situations ce sont produites sous son magistère oui, mais il n’en était pas l’initiateur dans tous les cas, dans la mesure ou il ne pouvait pas occuper tous les postes décisionnels. Ne lui attribuons pas le passif et l’actif d’un Etat voyou sous l’ancien régime. D’aucuns devront répondre de leurs actes et assumer leurs responsabilités.
Pour ce qui est du second protagoniste, C’BON, je n’ai pas trop de commentaire à faire à son égard, je lui accorde le bénéfice du doute, car c’est un jeune dans l’exercice présidentiel, il apprend encore, et je crois qu’il a du chemin à faire. Ses débuts sont déjà appréciés. Et je souhaite qu’il fasse dans la continuité si il est élu Président, et qu’il ne tombe pas dans les mêmes travers du passé.
PS: il faut que ceux qui viennent chanter des louanges ( défenseurs opportuniste, kounabeliste, clienteliste) à C’BON évitent de jeter un discrédit à ACBBN, parce que ce n’est pas lui le mal de ce Gabon, le faire, c’est une erreur.