GABON/PRÉSIDENTIELLE 2025: AU ROYAUME-UNI, UNE ORGANISATION DE DERNIÈRE MINUTE QUI INQUIÈTE
À quelques heures de l’élection présidentielle gabonaise prévue le 12 avril 2025, le Haut-Commissariat du Gabon au Royaume-Uni a publié une note d’information annonçant des dispositions de dernière minute pour le vote de la communauté gabonaise résidant au Royaume-Uni. Si ces mesures visent à faciliter la participation, leur annonce tardive et leur mise en œuvre précipitée risquent fortement d’entraver le bon déroulement du scrutin.
Listes électorales publiées à la dernière minute, distribution des cartes dans l’urgence
Dans un timing pour le moins surprenant, le Haut-Commissariat n’a rendu publiques les listes électorales que ce vendredi 11 avril à 10h00, soit moins de 24 heures avant l’ouverture des bureaux de vote. Plus grave encore, la distribution des cartes d’électeur ne débutera que le jour même du dépouillement des listes pour s’achever… le jour du scrutin lui-même. Une précipitation qui confine à l’improvisation et qui place les électeurs gabonais au Royaume-Uni dans une situation intenable.
Course contre la montre pour les électeurs, risque d’exclusion généralisée
Ce calendrier ubuesque pose plusieurs problèmes majeurs. D’abord, il ne laisse quasiment aucun temps aux électeurs pour vérifier leur inscription et retirer leur carte. Ensuite, il pénalise particulièrement les Gabonais résidant hors de Londres – à Manchester, Birmingham ou Édimbourg – qui devront effectuer un déplacement express dans la capitale britannique. Enfin, en concentrant toute la distribution sur une fenêtre de 36 heures à peine, les risques de désorganisation sont évidents : files d’attente interminables, tensions, et in fine, de nombreux électeurs découragés ou purement et simplement exclus du processus.
Documents expirés acceptés : une souplesse suspecte à J-1
Autre élément troublant : le Haut-Commissariat a annoncé qu’il accepterait des pièces d’identité périmées pour le retrait des cartes électorales. Si cette mesure pourrait sembler pragmatique, son annonce à la veille du scrutin interroge. Pourquoi cette disposition n’a-t-elle pas été communiquée plus tôt ? Cette tolérance de dernière minute ne risque-t-elle pas d’ouvrir la porte à des contestations ultérieures sur la régularité du vote ?
Entre incompétence et opacité : un scrutin sous tension
Face à ce qui ressemble fort à un cafouillage administratif, plusieurs hypothèses se dessinent. S’agit-il d’un simple manque d’anticipation et de moyens ? D’une négligence coupable ? Ou, pire, d’une tentative délibérée de limiter la participation électorale ? Dans un contexte politique déjà tendu, cette gestion chaotique ne peut qu’alimenter les suspicions et la défiance. Elle place par ailleurs les fonctionnaires du Haut-Commissariat dans une situation impossible, contraints d’improviser dans l’urgence un processus qui aurait dû être préparé depuis des semaines.
Il est minuit moins une pour sauver ce scrutin
Alors que les bureaux de vote doivent ouvrir demain à 7h00, des mesures d’urgence s’imposent : prolongation exceptionnelle des horaires de distribution, mise en place de points de retrait supplémentaires, campagne d’information renforcée auprès de la communauté. Sans cela, ce scrutin risque d’être durablement entaché par ces dysfonctionnements, quelle qu’en soit l’issue. Une chose est certaine : à ce stade, l’organisation du vote relève moins de la logistique électorale que de la course contre la montre.