Taxi Gab+ face à la concurrence étrangère : entre souveraineté économique et ouverture du marché
Depuis l’annonce de l’arrivée de 150 taxis importés par une association camerounaise au Gabon, une vive polémique secoue les réseaux sociaux et les sphères politiques du pays. Cette initiative est perçue par certains comme une concurrence directe au projet gouvernemental Taxi Gab+, lancé en octobre 2024 pour moderniser le secteur du transport urbain et favoriser l’emploi des jeunes Gabonais. Ce débat met en lumière les tensions entre ouverture économique, souveraineté nationale et protection de l’emploi local.
Taxi Gab+ : un projet de modernisation et de souveraineté économique
Initié par le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, le programme Taxi Gab+ vise à restructurer le secteur du transport urbain au Gabon. Lancé en octobre 2024 avec 417 véhicules remis à des chauffeurs gabonais, le projet ambitionne de réduire le chômage et de moderniser un parc automobile vieillissant . Les bénéficiaires doivent verser quotidiennement 20 000 francs CFA pendant 30 mois pour devenir propriétaires de leurs taxis, une mesure destinée à responsabiliser les chauffeurs et à assurer la pérennité du programme.
Le projet s’inscrit également dans une volonté de « gabonisation » du secteur, historiquement dominé par des exploitants étrangers, notamment camerounais, nigérians et béninois. Cette orientation protectionniste vise à redonner aux Gabonais le contrôle d’un secteur stratégique pour l’économie nationale.
L’arrivée des taxis camerounais : une concurrence perçue comme déloyale
La récente importation de 150 taxis par une association camerounaise a été perçue par certains comme une menace pour le projet Taxi Gab+. Les autorités gabonaises ont saisi ces véhicules, invoquant la nécessité de réguler le secteur et de protéger les initiatives nationales.
Cette action a suscité des réactions contrastées. Certains y voient une mesure nécessaire pour préserver l’emploi local et soutenir le programme gouvernemental. D’autres dénoncent une entrave à la libre entreprise et à la concurrence, soulignant que le cadre juridique gabonais n’interdit pas aux étrangers d’opérer dans le secteur du transport, à condition de respecter les réglementations en vigueur.
Un débat entre protectionnisme et libéralisme économique
La polémique soulève des questions fondamentales sur la politique économique du Gabon. D’un côté, le protectionnisme est perçu comme un moyen de soutenir l’économie nationale et de favoriser l’emploi local. De l’autre, le libéralisme économique est défendu comme un vecteur de croissance, d’innovation et de compétitivité.
Le secteur du transport urbain, en pleine mutation avec l’arrivée de services numériques comme Gozem, illustre cette tension entre tradition et modernité, entre régulation et ouverture. La question centrale demeure : comment concilier la nécessité de protéger les initiatives locales avec l’impératif d’attirer des investissements et de dynamiser l’économie ?
Perspectives
La controverse autour des taxis camerounais révèle les enjeux complexes liés à la régulation du secteur du transport urbain au Gabon. Elle met en évidence les tensions persistantes entre ouverture économique et protection des intérêts locaux, dans un contexte où les politiques publiques cherchent à concilier modernisation, emploi et souveraineté nationale. Ce débat, qui oppose différentes visions du développement, souligne la nécessité d’un cadre juridique clair et d’un dialogue structuré entre les divers acteurs du secteur. Il s’inscrit plus largement dans les dynamiques de transition économique et de redéfinition des priorités nationales.