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Violence et harcèlement en milieu scolaire : un signal d’alarme pour la société gabonaise

Depuis le 8 mai 2025, une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux a profondément choqué l’opinion publique gabonaise. On y observe une élève du Collège Immaculée Conception de Libreville être violemment prise à partie par une camarade, sous les regards passifs – voire complices – d’autres élèves qui, au lieu d’intervenir, préfèrent filmer et encourager la scène. Ce triste épisode remet cruellement en lumière une problématique trop souvent reléguée au second plan : celle des violences et du harcèlement en milieu scolaire.

Au-delà de l’indignation légitime qu’elle suscite, cette vidéo doit nous pousser à une réflexion collective sur l’état de notre système éducatif, mais aussi sur le rôle de la famille, de l’école, et plus largement, de la société dans l’éducation et la protection des enfants.

Une jeunesse en souffrance, une école en détresse

Quelques chiffres alarmants (Gabon & Afrique francophone)
1 élève sur 3 dit avoir déjà été victime de harcèlement scolaire (UNESCO, 2023).
Dans les établissements urbains, les cas de harcèlement sont plus fréquents et plus visibles, notamment via les réseaux sociaux.
La majorité des cas ne sont ni signalés, ni pris en charge.

Le harcèlement scolaire n’est ni anodin, ni passager. Il constitue une forme de violence insidieuse, aux conséquences parfois dévastatrices : perte de confiance en soi, troubles psychiques, isolement, déscolarisation, voire pensées suicidaires. Pour la victime, l’école devient un lieu de danger, non de savoir ; un espace de peur, non d’émancipation.

Dans le cas précis de Libreville, la jeune élève devra faire face à un double traumatisme : celui de l’agression elle-même, et celui de l’exposition publique de son humiliation. Dès lors, une interrogation cruciale s’impose : comment lui permettre de se reconstruire, de retrouver sa place dans cet établissement où elle a connu l’effroi ?

Responsabilités partagées, devoir d’action immédiat

Il serait trop facile de désigner un seul coupable. L’acte posé par l’élève agresseuse est inacceptable, mais il est aussi révélateur de carences éducatives multiples : déficit d’encadrement, absence de repères, faillite de la vigilance collective. Les parents, en premier lieu, doivent s’interroger sur la manière dont ils transmettent les valeurs de respect, d’empathie et de maîtrise de soi. L’éducation familiale constitue le socle sur lequel repose toute vie en société.

Mais l’école, elle aussi, doit assumer pleinement son rôle. Les surveillants, enseignants, conseillers d’éducation et chefs d’établissement ont le devoir de prévenir, détecter, et réagir face aux comportements déviants. À cet égard, le silence ou la passivité équivalent à une forme de complicité.

Enfin, les autorités publiques ne peuvent rester en retrait. Il est impératif de doter les établissements scolaires de cellules d’écoute, de personnels formés à la gestion du harcèlement, et de protocoles clairs d’intervention. Une approche exclusivement punitive serait insuffisante : il faut aussi éduquer, sensibiliser, accompagner.

Réintégrer la victime : une exigence humaine et institutionnelle

Conséquences pour la victime
Perte d’estime de soi
Isolement social
Troubles anxieux ou dépressifs
Risques accrus d’abandon scolaire

La situation de la jeune fille agressée soulève un enjeu fondamental : celui de sa réintégration dans le milieu scolaire. Peut-elle raisonnablement retourner dans l’établissement où s’est produite l’agression sans soutien psychologique, sans cadre sécurisé, sans reconnaissance institutionnelle de son traumatisme ?
Réintégrer une victime de harcèlement, c’est lui redonner confiance en elle, mais aussi rééduquer l’environnement qui l’a laissée tomber. Cela suppose une mobilisation concertée de l’administration, des psychologues scolaires, des familles, et de l’ensemble de la communauté éducative.

Agir pour préserver l’avenir

Ce drame ne doit pas être un fait divers de plus. Il doit servir de réveil pour la société gabonaise. Nous avons le devoir de faire de l’école un sanctuaire, non un champ de violences. Lutter contre le harcèlement scolaire, c’est œuvrer pour une jeunesse épanouie, capable demain de construire une société plus juste, plus apaisée, plus humaine.

Enfants, parents, enseignants, décideurs : chacun doit prendre sa part. Le silence n’est plus une option.

Une réflexion sur “Violence et harcèlement en milieu scolaire : un signal d’alarme pour la société gabonaise

  • Abdoul Aziz BONKOUNGOU

    Merci à media2ac d’avoir fait couler de l’encre sur cette problématique qui loin d’être une question seulement gabonaise plombe le développement intégral de l’enfant et des jeunes. En Europe cette même situation se pose cependant les écoles sont plus complètes par rapport à celle africaines.
    C’est le moment plus que jamais de repenser les systèmes par des actions endogènes pour plus d’impact.
    Abdoul Aziz BONKOUNGOU directeur ImaniBa-Consult spécialisé en recherche et développement expérimentale en sciences sociales et humaines.

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