Faste présidentiel au Gabon : quelle place pour les artistes locaux ?
Lors de l’investiture du président Brice Clotaire, les petits plats ont été mis dans les grands pour amorcer une nouvelle ère. Quoi qu’on en dise, la cérémonie a été belle, ponctuée de moments forts qui ont marqué l’esprit du peuple gabonais. Dans ce genre d’événements, tout est réglé au millimètre près, et il faut résumer au maximum pour ne pas dépasser le temps imparti. Le clin d’œil aux rituels traditionnels a été apprécié : il rappelle que les us et coutumes restent indissociables de l’exercice du pouvoir. Mais il y a un « mais » qui mérite que l’on pousse la réflexion plus loin.
Au-delà du faste de cette investiture présidentielle, il est temps de repenser la place accordée aux artistes locaux dans les événements de grande ampleur au Gabon. Ces artistes, qui évoluent sur la scène nationale, sont les porteurs de notre identité culturelle. Ils véhiculent un message, nourrissent la mémoire collective et participent à faire vibrer l’âme du peuple. Dans des pays comme la France, on voit à quel point les artistes nationaux contribuent à valoriser l’image du pays lors de grandes cérémonies. Ce fut le cas, par exemple, lors de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Le soft power artistique français y a été magnifié dans toute sa splendeur, et le monde entier en a été conquis. Pourquoi ne serions-nous pas capables, au Gabon, d’adopter une démarche similaire ?
La critique de Melchy Obiang : une alerte sur la représentation culturelle
En amont de l’investiture du président Brice Clotaire, le réalisateur gabonais Melchy Obiang avait exprimé publiquement son désaccord concernant la présence d’artistes étrangers lors des événements officiels, notamment pendant la campagne présidentielle. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il déclare : « Les artistes gabonais ont besoin d’être valorisés. Il s’agit de l’investiture du Président du Gabon et non pas d’un Président d’un autre pays »
Lien Facebook de la vidéo de Melchy Obiang : Melchy Obiang officiel
Cette prise de position met en lumière une préoccupation partagée par de nombreux acteurs culturels gabonais : la marginalisation des talents locaux au profit d’artistes étrangers lors des grandes manifestations nationales.
Les enjeux de la valorisation des artistes locaux
La critique de Melchy Obiang soulève plusieurs questions fondamentales :
- Identité culturelle : La présence d’artistes étrangers lors des événements officiels peut être perçue comme une dilution de l’identité culturelle nationale. La promotion des artistes locaux est essentielle pour renforcer le sentiment d’appartenance et de fierté nationale.
- Développement économique : Valoriser les talents locaux contribue au développement de l’industrie culturelle gabonaise, créant des emplois et stimulant l’économie.
- Équité et reconnaissance : Les artistes gabonais méritent d’être reconnus et soutenus par les institutions publiques, notamment lors des événements d’envergure nationale.
Vers une politique culturelle inclusive
Pour répondre à ces préoccupations, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Établir une charte culturelle : Mettre en place une charte définissant les critères de sélection des artistes lors des événements officiels, favorisant la participation des talents locaux.
- Créer un fonds de soutien : Allouer des ressources financières pour soutenir la création artistique locale et permettre aux artistes gabonais de se produire lors des grandes manifestations.
- Encourager la formation et la professionnalisation : Développer des programmes de formation pour renforcer les compétences des artistes locaux et les préparer à des performances de haut niveau.
Le mandat du président Brice Clotaire Oligui Nguema représente une occasion unique de repenser la place de la culture nationale dans les cérémonies officielles. En valorisant les artistes locaux, le Gabon peut affirmer son identité culturelle, soutenir son industrie créative et renforcer la cohésion sociale. Le débat soulevé par Melchy Obiang invite à une réflexion collective sur les moyens de promouvoir une culture inclusive et représentative des talents nationaux.